En résumé :
Un livre-phare pour les femmes photographes
Il y a des ouvrages qui sont destinés à marquer leur temps. C’est le cas du livre ELLES publié par les éditions Textuel et le collectif Elles x Paris Photo, à l’occasion du cinquième anniversaire du parcours dédié aux femmes photographes. Ce livre est particulièrement important car il constitue un vecteur majeur de diffusion du travail des photographes femmes.
Il fait aussi écho à l’Histoire mondiale des femmes photographes de Marie Robert et Luce Lebart, une référence incontournable aujourd’hui, et représente un nouvel jalon dans l’histoire des femmes photographes. Marie Docher, photographe et membre du collectif « La Part des femmes », affirme que malgré le fait que cinq années ne représentent qu’une fraction infime dans l’histoire de la photographie, ces cinq dernières années ont marqué un véritable changement.
Un objet à admirer et à lire
Et que ce soit un bel objet n’enlève rien à son intérêt ! La couverture du livre est ornée d’une photographie captivante et suggestive d’Agnès Geoffray qui représente une femme de dos avec un chignon élégant et sophistiqué, une invitation à découvrir le foisonnement et la passion de la création photographique féminine.
Exploration et découverte
On découvre au fil des pages les œuvres de 130 photographes allant de Nazli Abbaspour, née en 1975 en Iran, à Wei Zihan, née en 1994 en Chine. Leur démarche est éclairée par leurs propres mots. La place centrale de la figure féminine dans leur travail est mise en lumière, que ce soit dans leur pratique ou comme source d’inspiration.
Ces photographes, originaires de différents pays et époques, révèlent une partie d’elles-mêmes à travers leur création. Elles évoquent la source de leur pratique, leurs obsessions, leurs désirs et leurs combats. L’ouvrage offre donc une traversée de la création photographique féminine contemporaine.
Différents regards sur la création photographique
Les commissaires des différentes éditions du parcours offrent un regard différent qui fournit un éclairage supplémentaire sur la subjectivité assumée de leur choix de femmes pour des créations de femmes. La particularité du « Elles x Paris Photo » est de solliciter des professionnelles notoires pour concevoir un parcours féminin.
Interrogation et compréhension
Pour Susanna Gállego Cuesta, « Elles x Paris Photo » a apporté en 2018 une véritable bouffée d’oxygène dans le monde des femmes photographes. Elle fait également malheureusement le constat que les femmes photographes étaient autrefois «invisibilisées ».
Au moment de la préparation de l’édition 2020, Karolina Ziebinska-Lewandowska, directrice du musée de Varsovie, a dû travailler sur des noms qu’elle ne connaissait que peu ou pas. Cela lui a permis de constater que si on le souhaite, l’histoire de la photographie pourrait être écrite uniquement à travers des noms féminins.
Nathalie Herschdorfer, directrice du musée Photo Elysée à Lausanne, a insisté sur le fait que le but était de « mettre en lumière la partie obscure de la photographie ». Par exemple, entre 1923 et 1928, Lucia Moholy-Nagy et son mari László ont révolutionné l’art du photogramme.
Un défi pour le patriarcat
Actuellement, selon Federica Chiocchetti, directrice du musée des Beaux-Arts, Le Locle, il est crucial pour la cause des femmes artistes de questionner et de défier le patriarcat afin de remettre les femmes artistes dans le discours historique et artistique. Pour atteindre cet objectif, elle propose de « construire une résistance ludique, ironique et inclusive ».
Un livre militant, qui ne fait que commencer son histoire.
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