En résumé :
Élargissement de la série « À la trace »
La série « À la trace » gagne en contenu. Suite au succès des six épisodes initiaux parus en mars dernier, qui explorent des œuvres dont la provenance a été enquêtée par la Mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945 (M2RS), deux nouveaux épisodes ont été ajoutés à la liste. Ces derniers, disponibles en ligne depuis le 15 novembre, se penchent sur l’histoire de Chana Orloff, une sculptrice majeure de la période d’entre-deux-guerres jusqu’aux années 1960. Ils retracent notamment le pillage de son atelier et l’histoire de « L’enfant Didi », une sculpture en bois renvoyant au fils de l’artiste et restituée en janvier 2023 aux ayants droit.
Une artiste clé de l’entre-deux-guerres
Chana Orloff, née en 1888 dans une famille juive de l’Empire russe, immigre en Palestine en 1905. Selon Selena Gisca de la M2RS, Chana avait une affinité particulière pour la littérature, en particulier la poésie hébraïque, lorsqu’elle était enfant. Elle déménage seule à Paris en 1910, où elle est bientôt remarquée par son professeur de dessin. Elle réussit son examen d’entrée à l’Ecole nationale des Arts décoratifs en 1911 et poursuit également ses études à l’Académie Vassiliev à Montparnasse.
C’est au cours de cette période qu’Orloff commence à se faire connaître. Durant l’entre-deux-guerres, elle produit plus de 500 sculptures, dont environ 250 portraits, tout en fréquentant des artistes de renom tels que Picasso, Foujita, Apollinaire et Modigliani.
Orloff utilise les fonds provenant de son succès pour faire construire une maison-atelier en 1926, aujourd’hui classée « Maison des Illustres ». Plusieurs de ses œuvres sont acquises pour les collections publiques et une salle lui est dédiée lors d’une exposition au Petit Palais en 1937.
L’inventaire des œuvres spoliées
La sculptrice s’échappe de son atelier en juillet 1942, juste avant la rafle du Vel’ d’Hiv, avertie par son fondeur, Eugène Rudier. En Suisse, son status de réfugiée lui offre une certaine liberté, bien qu’elle soit retenue dans un camp d’où elle réussit à s’échapper. Dans son lieu de résidence à Genève, elle réalise une série d’environ trente sculptures en plâtre compact, allant de portraits à des nus et des animaux.
À son retour en France à la fin de la guerre, elle découvre que son atelier a été pillé et dévasté. Cependant, les circonstances exactes de ce saccage demeurent floues. Elle présente en août 1945 un dossier à la Commission de récupération artistique (CRA) dans le but de retrouver ses œuvres disparues.
Seules deux œuvres ont été restituées
Malgré les inventaires fournis par l’artiste, seules deux de ses œuvres ont été retrouvées et restituées aux ayants droit sur les 145 œuvres disparues. L’une d’entre elles est « L’enfant Didi », retrouvée en 2023. Muriel de Bastier, chargée de recherches à la M2RS, note qu’il faut être patient, persévérant et optimiste dans ce genre de recherches.
Les petits-enfants de Chana Orloff continuent aujourd’hui la recherche des œuvres spoliées, faisant connaître au public l’étendue de son travail.
Des expositions consacrées à Chana Orloff et à son oeuvre
En parallèle à la sortie de ces nouveaux épisodes de la série, deux expositions dédiées à l’œuvre de Chana Orloff sont prévues. L’une commencera le 15 novembre au musée Zadkine, l’autre sera consacrée à « L’enfant Didi » et débutera le 19 novembre au Musée d’art et d’histoire du judaïsme.
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